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3 parcours ont été sélectionnés par l'OEJAJ pour illustrer la thématique de s'équiper pour combler une lacune ou une défaillance passagère.
RTA a associé Drash, collectif artistique namurois, au projet de valorisation de la recherche du GIRSEF sur les parcours improbables. Après concertation entre les partenaires, le projet a consisté à organiser un atelier peinture-fresque spécifique autour de la thématique à illustrer.
Les modalités du projet s'inscrivent pleinement dans les missions que Drash se donnent. Ses membres se définissent sur leur site (www.drash.be) comme un « collectif pluridisciplinaire » regroupant des bonshommes curieux issus des milieux du son et de l’image (photographie, graphisme, motion graphisme, vidéo, peinture, sound-design, djing, vjing, décors, installations, …). Le groupe namurois vise à mixer les techniques et supports afin de proposer des créations complètes.
L'atelier a pris place à l'occasion des vacances d'été sur deux journées complètes, soit le le jeudi 24 et vendredi 25 juillet.
Dans la logique de l'atelier créatif, le stage a réunit des jeunes inscrits dans une démarche personnelle, une information sur l'existence du stage ayant été diffusée sur les réseaux sociaux (notamment sur la page facebook du collectif) ainsi qu'auprès des jeunes fréquentant différents ateliers organisés par les animateurs-artistes. Les jeunes venaient effectivement d'horizons différents pour pratiquer ensemble leur passion de l'art graphique. Cette réalité explique et caractérise fortement le déroulement de l'atelier.
En outre, la proximité du cameraman avec les animateurs-artistes de Drash a conduit à ce que les contraintes de tournage puissent être intégrées au mieux dans le fonctionnement du projet. Sans que cela ne nuise au déroulement de l'atelier créatif, la présence permanente du tournage, entre autre par l'installation d'une go pro (c'est-à-dire une mini camera/appareil photo pouvant se fixer sur des supports inhabituels et permettant des angles de prise de vue inattendus) sur le site de réalisation de la fresque, amenait une dimension artistique différente et supplémentaire. Le dispositif se voulait clairement pluridisciplinaire et chaque jeune était invité(e) à jouer une partie de la pièce. La performance artistique ne se limitait pas pour les jeunes à la réalisation d'une fresque dans un délai court mais devait également déboucher sur un film original et très esthétique.
Pour mener à bien le projet, un travail de préparation en amont autour des récits à illustrer artistiquement a été nécessaire. Pour cela, différents contacts entre RTA et Drash ont été menés pour réfléchir ensemble aux différentes lignes de force à mettre en évidence. Cela a abouti à la rédaction par l'animateur de l'atelier, Maxime Lambert, de trois fiches synthétiques reprenant les parcours des jeunes (lire les fiches synthétiques). Cette étape s'est avérée nécessaire car il semblait important de donner aux récits une forme adaptée et facilement communicable.
La première matinée a permis aux jeunes de faire connaissance et de se mettre au travail. Après une brève présentation des objectifs et du contexte du stage, les artistes-animateurs ont donné à lire les fiches de présentation des parcours.
Chacun(e) a été invité(e), à souligner, entourer les éléments du texte qui lui semblait marquant, interpellant, frappant. Au terme de la lecture, un échange au sein du collectif a été initié pour prendre connaissance des sensibilités des un(e)s et des autres. Cette étape a permis de prendre conscience de la diversité des réponses. (Exercices).
Les mots-clés les plus significatifs ont été annotés au tableau pour permettre au groupe d'entamer un travail d'agencement. (scann17).
Relevé des 15 mots-clés retenus :
Obstacle - Insécurité - Travail - Autonomie - Motivation
Difficultés - Complexité - Instabilité - Désordre - Bazar
Mélancolie - Décrochage - Transition - Changement - Famille
Les thématiques en lien avec la fragilité de la dynamique familiale ou l'importance du logement marquent les jeunes. Il ressort des échanges les concepts suivants : la volonté d'aller de l'avant, le fait de tomber du bon coté, la nécessité de disposer d'une révolte intérieure pour traverser les obstacles, l'opportunité de bénéficier d'une force extérieure pour avancer.
Très rapidement, le groupe s'accorde pour envisager une logique temporelle pour illustrer les parcours ainsi que de la nécessité de mixer les trois parcours dans une seule illustration. Différentes tentatives d'agencement sont suggérées.
Une première formalisation est proposée et obtient l'assentiment du groupe.
Différentes relances effectués par les animateurs-artistes ont néanmoins permis de s'assurer que le résultat collectif puisse intégrer les différents points de vue et que les un(e)s et les autres s'approprient les éléments d'explications apportées.
À partir de ce canevas conceptuel, les animateurs ont invité les jeunes à rechercher des illustrations pertinentes. Pour cela, un long moment de recherche individuelle a été proposé. Les jeunes pouvant soit rechercher des idées à partir d'illustrations issues d'Internet, soit réaliser directement des premières esquisses sur papier. Ce moment a été l'occasion pour les animateurs d'accompagner individuellement les jeunes dans le travail graphique. Comment illustrer un concept complexe ou abstrait ? Que souhaite-t-on mettre en avant vis-à-vis des ressentis des parcours ? Quels sont les obstacles rencontrés ?
A titre d'illustrations, nous pouvons relever quelques éléments d’exercices graphiques réalisés par les jeunes.
Un jeune ayant été marqué par l'expression de Michael qui exprimait qu'il était traité comme une balle de ping-pong dans sa famille a esquissé différentes raquettes pour illustrer le concept.
Autour d'une raquette stylisée, il tente également d'insérer des concepts frappants : l'alcool, la drogue, la violence, l'enfermement, etc.
Un autre jeune a voulu traduire graphiquement le fait que les trois jeunes devaient cheminer sur des routes remplies d’épreuves. Pour cela, il a choisi d’illustrer le chemin de la vie avec de nombreux obstacles rencontrés.
Le concept de persévérance, très présent entre autre dans le discours de Sufjan, a, quant à lui, trouvé place sur un panneau de signalisation pour l'un,
ou à travers la symbolique de la force d'un animal sauvage qui traverse un mur pour obtenir une ouverture.
Les différentes esquisses réalisées permettent ici de voir les étapes successives de la réflexion graphique.
Un autre jeune a voulu traduire graphiquement l'entraide et la solidarité à travers un cœur stylisé pour finalement renoncer car pas convaincu du résultat.
Dans un deuxième essai, il a choisi de se concentrer sur une autre notion qui lui était chère, celle d'équilibre (in)stable à travers des galets empilés.
Cette notion d'équilibre instable renvoie aux termes très forts utilisés par Katy (bazar, cafouillis, etc.).
Une autre jeune à choisi d'illustrer le concept d'équilibre (in)stable à travers la fragilité d'une fleur propulsée à travers des épreuves difficilement franchissables.
Les participant(e)s ayant des âges différents, le collectif a veillé à respecter ces différences et l'originalité des approches.
Après le repas de midi, les jeunes ont été invité(e)s à faire part de leurs réflexions et de leurs choix graphiques. Au terme des échanges, les animateurs-artistes sont venus avec une première esquisse globale de ce que pourrait donner la fresque.
Ils suggèrent d'illustrer le chaos, le désordre, la complexité à gauche à travers un dessin très chargé pour se diriger à droite vers l'autonomie et l'équilibre à travers un dessin très épuré. Les obstacles seraient illustrés par la présence de murs et de filets à traverser. Différents ajustements de leurs premiers jets ont été proposés. Le groupe n'a, par exemple, in fine pas dessiné le « flingue » qui avait été inclut au début, car une partie a soutenu que l'image contenait une violence mécanique inutile et non présente dans les récits. Après validation finale du groupe, pour l'ensemble à représenter, tout le monde s'est mis au travail devant les panneaux en aggloméré. Concrètement, le groupe disposait de plusieurs panneaux installés dans le long d'un mur d'un vaste parking pour recueillir le résultat de son imagination.
Les animateurs-artistes ont proposé de travailler à partir d'une technique particulière : la peinture au rouleau. Cela a été une découverte pour les jeunes. Différents exercices ont été réalisé pour appréhender les subtilités techniques. Cela a permis à chaque jeune de se sentir sur un pied d'égalité.
Très vite, les jeunes ont été invités à retranscrire en grand ce qui avait été réalisé jusque là en petit. Ce changement de dimension était attendu par tout le monde. Il ressortait une forte convivialité dans le groupe et une importante envie de bien faire. Ce passage vers le plus grand a néanmoins obligé certains à procéder à des aménagements.
Les formes ont rapidement pris place sur les panneaux et invitaient à s'imaginer les interactions entre les différentes parties structurant la fresque.
Les interactions entre les jeunes, et entre les jeunes et les animateurs ont permis d'ajuster progressivement les différentes illustrations. Les conseils techniques étaient proposés pour renforcer le relief du dessin, pour occuper au mieux l'espace disponible, pour améliorer le rendu envisagé, etc.
L'ampleur de la tâche semblait immense tant étaient grands les panneaux. Le groupe n'a pas hésité à autoriser des « passants/observateurs« » (travailleurs du lieu dans le parking duquel ils peignaient et qu'ils intriguaient) à prendre eux aussi le rouleau. Les animateurs-artistes veillant à intervenir de temps en temps pour permettre au groupe de « se voir avancer ».
L'après-midi devait permettre la finalisation du travail. Des petites touches de couleurs ont été expérimentées, puis effacées, ne donnant pas satisfaction à l'ensemble du groupe.
Le groupe fatigué pouvait commencer à exprimer la joie et la satisfaction du travail accompli.
Des feed-back vers le projet de départ ont été réalisés. Les jeunes « se sont commenté » informellement le sens des différentes modifications effectuées par rapport à leur canevas de départ.Puis le temps de la prise d'images finale est venu ainsi que le moment de ranger le matériel........et le démontage de la fresque !
Ce démontage si rapide, bien que nécessaire et prévu, s'est révélé un peu frustrant ('tout ce travail pour tout démonter si vite ?' , 'et que deviendra la fresque ?', ...).
Les espoirs se sont reportés vers les traces qui seraient reprises dans le travail vidéo.
Au final, les animateurs-artistes se sont questionnés sur l'ampleur de la fresque. N'aurait-il pas fallu envisager un panneau plus réduit étant donné le faible temps de réalisation ? Leurs « interventions » auraient peut être été moins importantes.
L'originalité du dispositif a néanmoins rencontré les attentes des jeunes et a permis de déboucher sur un travail esthétique très intéressant. Le lien avec les parcours de départ semble aux yeux de tous présent.
Les illustrations choisies se sont révélées pertinentes pour illustrer les nuances identifiées par le groupe.
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