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4 parcours ont été sélectionnés par l'OEJAJ pour illustrer la thématique du moment réflexif sur la scolarité/la formation ».
Le groupe de jeunes qui a travaillé sur le projet a été constitué par le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. Les jeunes viennent soit d'associations liées au réseau, soit sont des enfants de militants actifs au sein du réseau ou de personnes rencontrées dans le cadre des activités initiées par le réseau.
Ces 7 jeunes viennent donc d'horizons différents et ne se connaissent pas au début du séjour. Les personnes en charge de l'animation ont choisi de travailler en résidentiel dans un gîte géré par une des associations membre du réseau : le groupe est autonome dans le gîte et les tâches quotidiennes sont donc assurées par tous. Ce parti-pris permet aux jeunes d'apprendre à se connaître sous différentes facettes : lors des moments de réflexion, dans l'apprentissage de techniques particulières mais aussi dans les moments de détente et de gestion de la vie quotidienne.
L’équipe vidéo de RTA a immédiatement été intégrée au cadre d’animation. Tous les jeunes, parents et associations ont été préalablement informé(e)s. Le choix méthodologique était d’intégrer la vidéo dans le projet à travers la captation prévue des slams en fin de rencontre. L’équipe vidéo a beaucoup échangé avec les jeunes formellement et informellement, ce qui a construit la confiance réciproque. L’aspect vidéo a en outre joué un rôle d’incitant. En parallèle, une travailleuse de RTA a été immergée au sein du groupe de jeune en participant activement à l’ensemble des animations. Une nouvelle fois, cette présence préparée avec le groupe a été perçue comme un élément le renforçant.
Pour faire rentrer les jeunes dans une réflexion autour des parcours, l'équipe d'animation a résumé trois parcours (Céline, Lucas et Mathieu) en insistant sur les éléments scolaires ou de formation et en atténuant certains points biographiques plus personnels. Il paraissait effectivement important de mettre un peu de distance entre certaines expériences de vie difficiles relatées dans certains parcours et l'expérience personnelle, le vécu des jeunes présents dans le groupe ; l'objectif étant de leur permettre une réflexion sur la catégorie « moment réflexif autour de la scolarité ou de la formation » sans que cela ne soit parasité par les composantes « difficultés personnelles » qui seraient trop entrées en résonance avec leurs propres problématiques. Malgré tout, dans le résumé, étaient évoqués le contexte familial, social, économique, etc. des jeunes ; ces composantes de la vie ayant bien entendu des influences majeures sur les parcours scolaires ou de formation.
Le résumé des parcours proposés aux jeunes s'arrêtait à un moment charnière (arrêt de la scolarité suite à une grossesse, plusieurs échecs dans les études amenant des doutes important quant à la suite), il était alors demandé aux jeunes d'imaginer la suite sur 5 ans : que va devenir ce/cette jeune ? Que va-t-il/elle faire (ou ne pas faire) l'année qui suit, deux ans après, etc. ?
Les jeunes sont rentrés dans l'exercice plus ou moins facilement. Pour certain(e)s les idées venaient sans peine quant à la suite à imaginer, d'autres par contre « séchaient un peu » devant leur feuille.
Après avoir imaginé individuellement la suite du parcours, les jeunes étaient regroupés par deux, avec une personne qui avait travaillé sur un autre récit. Ils/elles devaient alors se raconter leur histoire, puis poursuivre la réflexion ensemble sur les éléments importants de la suite des récits.
Enfin, chaque duo présentait au groupe la suite de l'histoire imaginée. Une discussion s'engageait alors sur les similitudes, différences, points saillants des différents récits, et de manière plus 'méta', sur : qu'est-ce qu'un parcours scolaire ou de formation « classique » ? Quels sont les éléments facilitateurs ou perturbateurs de ce type de parcours ?
Hormis les différences de style dans les récits, le constat était que les parcours imaginés par les jeunes suivaient tous un schéma relativement classique : un diplôme, un travail, une maison, un couple. La différence principale résidant dans l'ordre qui structurait les différents éléments.
Pour clôturer, les personnes en charge de l'animation proposaient aux jeunes les « vraies » fins de récit, et les jeunes devaient tenter de retrouver quelle fin correspondait à quel parcours. Cette reconstruction faisait ensuite l’objet d’une élucidation brève.
La soirée a donné l’occasion aux jeunes et aux adultes de mieux faire connaissance en partageant des temps informels autour du repas et de sa préparation. Ces moments partagés ont renforcé les liens entre tous. La soirée a également permis aux jeunes de prendre du temps libre entre eux. L'ensemble du groupe c'est ensuite rassemblé autour du match des Diables Rouges (nous sommes en pleine Coupe du monde). La soirée s’est achevée avec la présentation de l’activité du lendemain.
Lors de la deuxième journée, les jeunes ont été sollicité(e)s pour réaliser un travail autour de la technique du slam avec comme point de départ de l'écriture la thématique de l'école.
Les jeunes, après une immersion dans les parcours lors de la première journée, étaient invité(e)s à avoir un moment réflexif sur leur propre rapport à l'école dans une sorte de mise en abîme de la thématique proposée.
La journée est rythmée par différentes activités permettant de s'approprier les techniques nécessaires au slam : réflexion encadrée sur le sujet de l'école ; écriture créative ; pose de la voix et du corps ; rythmique.
L'animateur, François Laurent, actif sur la scène slam belge (et à l'étranger) sous le nom « l'ami terrien », encadre les jeunes de manière à favoriser l'expression de chacun(e) par l'écriture tout d'abord, mais également par l'expression orale et un travail sur le corps et la voix. La philosophie du slam présentée par François est très claire : tout le monde peut s'exprimer de la façon dont il l'entend et qui lui convient le mieux, les règles de style, de grammaire et d'orthographe sont mises de côté, seul compte l'expression, ce que le/la jeune a envie de dire, de raconter.
Il donnera néanmoins quelques bases et de nombreux exemples illustratifs concernant la rime, l'utilisation d'images, etc. Dans la création de texte, ces éléments plus techniques permettent aux jeunes de jouer avec les mots et de pousser plus loin leur recherche et leur imagination.
En quelques mots, il présente ce qu'est le slam et fait écouter/regarder aux jeunes des moments de slam (scène ouverte).
Un premier exercice consistera à se présenter au groupe sur base de quelques consignes simples : donner son prénom, son âge, sa ville de résidence, une passion, un chanteur ou une chanteuse que l'on aime, et enfin, inventer une petite phrase sur base d'une trame « Ensemble, ..., ensemble. Ensemble, ..., ensemble. ».
Les jeunes sont appliqué(e)s et un peu stressé(e)s quand c'est leur tour de parler, la petite phrase amène souvent des rires et détend l'atmosphère.
Ensuite, on invite les jeunes à écrire sur des post-it de couleurs différentes des mots ou petites phrases qui leur évoquent l'école : sur les post-it de couleur rose, des choses positives ; sur les verts, les négatives ; et sur les jaunes, ce qui ferait l'école idéale/l'école « de mes rêves ».
Chacun va ensuite coller ses post-it à trois endroits différents de la pièce et, en même temps, prend le temps de lire ce que les autres ont écrit.
Après avoir vérifié que tout le monde avait bien compris le contenu de l'ensemble des post-it et les avoir relu à voix haute pour l'ensemble du groupe, François présente un slam d'Amadeus (slameur français) sur le thème de l'école. Il va proposer aux jeunes de reprendre les deux premières phrases du slameur afin de créer leur propre texte sur l'école en y intégrant des éléments présents sur les post-it.
La phrase de début est :
Après le dîner, on reprend le travail, François propose à nouveau d'écouter/regarder des chansons de différent(e)s artistes ( Kenny Arkana ; Jean-Jacques Goldman) avant de reprendre l'écriture du texte du matin. Quelques commentaires fusent : « oh non, encore ! Mais c'est pire que l'école ici », des rires, « Sauf qu'ici, même si on a étudié, ça sert à rien », encore des rires.
Quand le brouhaha s'est calmé, François donne des consignes : « vous relisez plusieurs fois votre texte pour vous le remettre en tête. Et si vous êtes bloqués, vous vous demandez ce que vous, vous auriez envie d'entendre. S'il faut un coup de main, je suis là ! ».
Tout le monde s'y met, avec plus ou moins de concentration. François propose de l'aide à une jeune qui visiblement ne s'en sort pas, elle accepte, soulagée. Il passe ensuite auprès des autres - happé par les sollicitations - trouve le petit truc, l'idée, le bon mot ou la fin de phrase qui débloque la machine et permet au jeune de poursuivre. Après vingt minutes, c'est le silence qui règne dans la pièce, les têtes sont penchées sur les feuilles, les bics grattent le papier. Il faudra même laisser un peu plus de temps que prévu pour permettre à tous et à toutes de terminer.
François amène le groupe à l'extérieur et démarre une série d'exercice visant à dynamiser la parole, mettre en rapport les intonations de la voix, la position du corps dans l’espace, etc. : debout, en rond, on se passe « le clap » ; on se lance un ballon imaginaire en nommant l'autre, l'intonation de la voix devant être en rapport avec la « taille » du ballon ; on déclame une phrase selon un personnage, avec une émotion particulière, les autres doivent deviner de qui ou de quelle émotion il s'agit ; on se promène sur un marché en devisant dans une langage imaginaire ; on réalise un battle également dans une langue imaginaire...
En « battle », c'est plus facile.
Pour l'exercice final, François lance une scène ouverte comme si on y était : les jeunes et les adultescomme spectateurs ; la caméra en invitée de prestige (mais discrète malgré tout) ; tout le monde s'assied ; chaque jeune a son texte à la main. François ouvre la séance par un mot de bienvenue et le rappel des règles ; les jeunes se lancent chacun à leur tour ; un ne souhaitera pas faire le pas malgré les encouragements de François et des spectateurs, mais, cela a bien été précisé, il n'y a pas d'obligation et ce n'est pas facile de se lancer. Le tour se terminera par des applaudissements nourris pour chacun(e) des jeunes, pour les prestations, pour les textes et aussi pour François et son animation qui ont permis aux jeunes de créer des textes originaux et de se dépasser dans une ambiance de groupe respectueuse et agréable.
Pendant que des adultes préparent le repas, des jeunes mettent la table en papotant, d'autres vont faire un foot. Tout le monde se rassemble pour manger dehors ; jeunes, équipe d'animation, équipe de tournage, dans une ambiance joyeuse et détendue.
Dans la soirée, les jeunes participent à un atelier de peinture collective. L’animation consistait à créer pour l’ensemble du groupe un double pictural sous forme de visages fauves et expressifs. Ces peintures seront par la suite intégrées aux décors en vue des captations vidéo du troisième et dernier jour.
Quand les jeunes entrent dans la pièce principale, les tables sont prêtes, recouvertes de plastique et sur chacune, une longue bande de papier kraft ; sur le plan de travail de la cuisine, également protégé de plastique, sont disposés les peintures, les pinceaux, des gobelets en plastique, etc.
L'animateur, Daniel Seret, artiste peintre engagé et artiste-animateur au Miroir Vagabond, mène le travail de main de maître : les instructions sont claires, précises, l'ambiance est bon enfant.
La dernière matinée a été consacrée à la répétition des textes slam par les jeunes accompagné(e)s par les personnes en charge de l'animation. Ces temps de répétition ont été essentiels. L'équipe d'animation a pu soutenir les jeunes plus en difficulté pour la prise de parole en retravaillant avec eux les textes. Les prises de parole ont également été préparée sur différents rythmes préenregistrés.
L'enregistrement audio des textes est réalisé par les professionnels de RTA. La prise de son se fait dans une pièce isolée afin d'avoir une qualité sonore suffisante, le stress dû au public est donc largement amoindri. A tour de rôle, chaque jeune va procéder à l'enregistrement de son texte et cette fois, tous joueront le jeu, la préparation du matin aura été un élément crucial au bon déroulement des enregistrements.
Après cela, les peintures collectives sont installées sur un mur, à l'extérieur. La caméra tourne et les jeunes « posent » individuellement devant la peinture, le cameramen leur souffle quelques instructions concernant leur expression afin de capter différentes mimiques, différentes émotions. Pendant que chacun passe devant la caméra, les autres profitent de la météo estivale : on discute dans l'herbe, à l'ombre ou au soleil ; on chante, une jeune sortira sa guitare pour jouer quelques morceaux ; quelques verres d'eau viennent rafraîchir l'un ou l'autre et se transformeront rapidement en seau, bassins et casseroles ; à part les cameraman qui seront épargnés, tout le monde profitera de la bataille d'eau improvisée.
L'ensemble des jeunes est alors rappelé devant la peinture collective pour filmer un final en groupe : on se sèche, on change de tee-shirt ; on s'aligne devant le mur et on joue devant la caméra.
Les professionnels de RTA remballent leur matériel pendant que les jeunes font leur sacs. Les premiers retournent à leur bureau ; les autres prennent un dernier repas de midi avec les responsables de l'animation ; une évaluation du week-end et il est l’heure pour chacun de rentrer chez soi.
Lors de l'évaluation, les retours des jeunes ont été très positifs : au vu de ce qui avait été collectivement vécu et mis en place en termes d’animation, de régulation... la presque totalité du groupe a exprimé son souhait de participer à un projet semblable l’année prochaine.
Au-delà de la satisfaction globale, il y a indéniablement une satisfaction à avoir produit une forme expressive originale et de qualité.
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