La formation continuée d'adultes : une tradition
Les programmes de formation que nous développons s'inscrivent dans la tradition politique de la formation des adultes.
Cette tradition, à laquelle les mouvements ouvriers sont liés et sans laquelle ils n'auraient pu être ce qu'ils ont été, s'appuie sur une série de choix : souci prioritaire d'émancipation des personnes, confrontation des savoirs (par exemple les savoirs construits dans l'expérience et les savoirs théoriques), lien intrinsèque des programmes avec l'action, importance essentielle de la dimensions collective.
Dans cette lignée, nous considérons que toute pratique de formation s'inscrit dans - et produit - une politique de formation, explicite ou implicite, consciente ou inconsciente de ses effets.
Dans notre société de l'information, le capital de connaissances, de créativité, de crédibilité (respectivement le capital culturel et le capital symbolique) est devenu un des moteurs essentiels du développement. Dans ce contexte, le terme "politique de formation" vient rappeler essentiellement que toute construction de savoir est directement ou indirectement liée à la construction de la société, ou, pour reprendre cette expression d'Alain Touraine, à l'action de la société sur elle-même.
La formule "toute politique de formation contribue à la formation d'une politique" peut rendre compte de cet enjeu.
C'est dire que nous nous démarquons fortement d'une conception instrumentale de la formation qui se préoccupe essentiellement de la transmission de savoirs constitués (souvent réifiés d'ailleurs - voir le succès des grilles, recettes, etc.).
Cette dimension politique de la formation s'incarne prioritairement dans des dynamiques institutionnelles ; nous pensons en effet que le rôle des associations (ou institutions au sens de Goffman) est central dans la construction de la société de la connaissance : ce sont les associations qui prennent en charge, manifestement, la majeure partie de la construction du capital culturel dans nos sociétés.
De ce point de vue, le secteur associatif est dans une position homologue à celle du Tiers-Etat à une autre époque : il est victime d'une disproportion énorme entre sa contribution à la société et la rétribution qui est la sienne.